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Le beuuug des idoles
15 mai 2006

La meditation, yeaaaaaaaah

Mon stage de méditation est fini, je suis retour à la civilisation.

Pendant dix jours, j’ai du respecter les cinq préceptes de shila (moralité), c’est à dire ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas consommer de substances intoxicantes (y compris les recharges de prise anti-moustiques, mon péché mignon), et enfin n’avoir aucune activité sexuelle (y compris avec les animaux, mon péché… ouais non.), ainsi que le « noble silence », c’est à dire un silence de la parole, des gestes, du regard, l’interdiction d’une quelconque distraction (lire, écrire, écouter de la musique, courir, aller au cinéma… non non non) et un emploi du temps aux premiers abords quelque peu effrayant (lever 4 heures du mat, 12 heures de méditation par jour, une pause petit dej à 6h30, une pause déjeuner à 11heures, une pause thé à 17h, fin de la journée à 21 heures).

Pour ce qui y’est des règles, comme je le pensais la cigarette ne manque pas une seconde (bien qu’Isabelle qui a arrêté de fumer il y a six mois m’ait bien fait marrer en me confessant son envie de clope pendant qu’elle méditait), rassurez vous cependant je me suis empressée de me remettre dans le droit chemin, et écris ces lignes cigarette aux lèvres ; pour le reste, j’ai écris des kilomètres dans ma tête et me suis chanté pas mal d’heures de chanson, ces deux choses manquant énormément bien que l’envie passe une fois l’interdiction levée. L’interdiction de tuer n’est pas tout le temps évidente à gérer quand les moustiques vous lance un duel (j’ai comme un doute sur « lancer un duel »), quand les scorpions et autres créatures qui ne mériteraient pas d’exister si le monde était parfait font des raves dans les couloirs mais il faut ce qu’il faut, et l’on garde son sang frais. Pour ce qui de la parole, on s’y fait également sans aucun problème, à part pour les blagues désespérantes qui s’entassent et qui vont bien devoir sortir, mes sincères confusions pour ceux qui auront à les subir. C’est plutôt au niveau pratique que cela devient contraignant. Nous nous sommes en effet retrouvées avec ma colloc dans une situation gênante alors qu’en rentrant pour me coucher je découvris sur le mur au dessus de mon lit une araignée mes aïeux, que dis-je, une mygale d’une taille tout simplement scandaleuse. Après avoir tenté d’attirer l’attention de ma voisine sur le monstre à l’aide de mouvements totalement inutiles, une pelle en plastique bleue à la main, et quelques fous rires décontenancés, je renonçis et m’adressa finalement à elle après une semaine de silence pour lui dire « we will have to sleep under cover tonight ». Satané Jack Bauer. Bref. Il n’y eut rien à faire, nous dormîmes à trois cette nuit là, et le lendemain, alors que je trouvai sur le mur une araignée d’un gabarit qui m’aurait fait déménager en France je la regarda dans les yeux d’un air méprisant et lui dit, désabusée, « si tu savais ma grande, j’en ai vu d’autres »…

Bref, bref, bref.

Le centre Vipassana, enfin celui là parce qu’il doit y en avoir cinquante en Inde, se situe à Mac Leod Gange (Dharamsala, Himachal Pradesh), à 2000 mètres d’altitude, ce qui constitue en soit une bonne raison de s’y rendre vu la chaleur installée plus bas.

Cet endroit, c’est la planète des singes. Ils sont partout. Et ils foutent un bordel monstre ces enfoirés, ils font n’importe quoi, des vrais gamins. De la balançoire sur les fils électriques, des dérapages sur le toit après la pluie, enfin la grêle, enfin les seaux de billes glacées, du toboggan acrobatique sur les toits en tôle de fer, mais la tôle ça peut pas être en plastique non je crois pas, pendant que l’on essaie de méditer. Ça n’empêche cependant en rien de se sentir particulièrement bien dans cet endroit verdoyant et frais, complètement coupé du monde, et la différence est notable parce que le monde indien, c’est quelque chose.

Le stage se divise en deux parties. Pendant les trois premiers jours, on pratique la technique Anapana, qui consiste d’abord à observer sa respiration au niveau des narines uniquement, puis sur une partie réduite du corps (triangle ayant pour pointe le bas des narines et pour base la lèvre supérieure), afin d’aiguiser son esprit, de lui apprendre à se concentrer. Evidemment, au bout de deux minutes, l’esprit s’échappe et des milliards de pensée se donnent à cœur joie de nous distraire. Ces pensées remuent le passé et modèlent le futur, et se divisent en événement plaisants et perturbants. Le but est d’apprendre à rester dans le présent, dans la réalité telle qu’elle est. Alors on recommence, on se re-concentre, l’esprit s’échappe à nouveau, on recommence… J’avouerais que ces premiers jours j’ai un tant soit peu cru devenir folle. J’avais l’impression de me dédoubler, physiquement et mentalement, et j’avais des hallucinations d’un fort beau gabarit tandis que dans ma tête résonnait la chanson des Fatals Picards « et je cours très très vite pour pas que je me rattrape, la voix elle me dit schizophrène, schizophrène tu vas trop vite… ». C’était quelque peu surprenant, et assez fatiguant je dois bien le dire.

Les premiers jours, il faut également s’habituer à la voix du guru Goenka qui résonne dans les haut-parleurs, et surtout à ses chants. Bien que le « mono », comme dirait Isabelle, nous ait prévenu en présentant le stage que ce n’était pas Franck Sinatra, c’est tout de même rude. On dirait un vieux bourré qui essaie de chanter la BO de Titanic à deux heures du matin dans son pastis. Pour garder son sérieux, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux. Bref.

On apprend ensuite la technique de Vipassana, c’est à dire observer les sensations sur le corps. Selon Gottama, Bouddha pour les intimes et inventeur de la technique, on se trompe en pensant que ce qui nous rend malheureux sont les événements extérieurs. Le processus se diviserait en quatre phases. On perçoit l’événement, on le juge bon ou mauvais, une sensation en découle et c’est notre réaction à cette sensation qui nous rend malheureux, heureux, ou tout autre dégradé de la gamme sentimentale. Le corps et l’esprit seraient en perpétuelle interaction. Il faut donc apprendre à observer les sensations sur notre corps sans y réagir, sans éprouver à leur égard ni avidité ni aversion, car la caractéristique commune de toutes les sensations est qu’elles apparaissent et qu’elles disparaissent, quelque soit leur intensité, quelque soit leur durée. Pendant sept jours, on s’entraîne donc à percevoir les sensations sur chacune des parties de notre corps séparément dans un premier temps, puis selon un flux libre du haut de la tête à la pointe des pieds, et inversement. Comme le corps puise dans ses réserves lorsqu’on arrête de lui donner de la nourriture, lorsqu’on ne réagit pas à une sensation, le corps va puiser dans ses réserves de réactions passées et fait remonter à la surface les négativités enfouies. C’est sans doute dur à comprendre expliqué en quelques lignes et je conçois que cela puisse vous paraître saugrenu voire très con, mais le fait est que ça marche. Je ne m’étalerai pas sur la manière dont cela se manifeste parce que c’est complètement personnel et diffère selon chacun mais je suis sortie de ce stage sereine et le cœur léger, vraiment. Bien sûr, ce n’est pas en dix jours que l’on repucelle son esprit, mais les changements sont notables, et pour le reste… Bah ça se travaille einh !

Mon souvenir le plus souffrance de cet apprentissage restera celui des séances, trois fois par jour, de « strong determination ». Ça fait peur hein ? Pendant une heure, il est obligatoire de garder les mains et les jambes complètement immobiles, et interdit de sortir de la salle, ce qui de toutes façons ne serait pas évident il faut bien le reconnaître. Je ne trouverai pas les mots pour décrire la souffrance qui vous envahi les premières fois où l’on arrive à respecter cela, c’est une douleur tout simplement insupportable, qui me rappela des souvenirs sportifs où l’on endure sans plus savoir pourquoi dans un état de semi conscience, et lorsque enfin on se relève à la fin de la séance, on ressemble à un pantin de bois complètement bourré qui vient de se faire violer par une horde d’animaux sauvages en rut. Bref, on va pas bien. Mais en même temps c’est durant ces séances que l’on travaille le mieux, parce que pour le coup, des sensations, on en a par paquets de foisons.

Quant à la dernière journée, je vais essayer de retenir tout cynisme dans les mots parce que ce ne serait pas honnête, parce que ce n’est pas comme ça que je l’ai vécu. A dix heures du matin, après une heure de méditation, le silence devait être rompu. Nous le savions toutes et pourtant une sorte d’appréhension nous empêchait de sortir de la salle. Je retrouve finalement Isabelle dehors, et n’oublierai pas ces quelques instants où l’on redécouvre le regard, nos yeux qui s’emplissent de larmes, comme lorsqu’on se retrouve en pleine lumière après des longues heures de noir, de simple réaction physique ou de simple émotion je ne sais pas trop, d’enfin regarder quelqu’un dans les yeux après dix jours à vivre reclus en soi même, d’échanger quelques mots timidement, ne pas savoir lesquels choisir, et finir par lâcher quelques « Bah c’était sympa non ? » « Ah ça ouais on s’est bien marrées » dans des fous rires nerveux. Tout le monde avait des sourires immenses sur la gueule toute la journée, il y avait des papillons partout, des petits oiseaux qui fredonnaient des airs niais, j’ai passé ma journée à sortir une bonne partie des blagues de merde que j’ai contenu pendant dix jours, à me marrer pour n’importe quoi, à hanter le centre en imitant la voix du guru « Staaaaaaaaaarrrt again ! »  et à chanter à plein poumons l’intégralité des dossiers cachés de mon répertoire musical. C’est très dur à avouer mais doux jésus qu’étais-je heureuse !

Bref, je ne suis pas devenue une sainte, que l’on se rassure, bien que je me sois fait très peur un soir où, alors que mes pensées vagabondaient, me vint à l’esprit l’expression dont je me sers habituellement pour exprimer mon courroux, à savoir « je t’encule ». Alors que ces mots innocents résonnaient dans ma tête, je m’aperçus avec effroi que je les trouvais vulgaires. Par Toutatis, m’exclamais-je, que m’arrive t-il ?! Mais je m’empressai aussitôt de les répéter en boucle quelques minutes et tout rentra dans l’ordre. Il s’en fallut de peu.

Bref, bref, bref.

Voilà, voilà ce serait tout et bien assez, sinon je suis rentrée à Delhi, il fait 40-45 degrés. Je ne dirai donc qu’une seule chose.

J’ai teeeeeeeeeeeeeeeellement chaud !!!

Bien le bisou les lapins.

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Commentaires
M
ah bah oui suis-je con! des immigrees italiennes qui travaillent pour le gouvernement russe sous la couverture de l education nationale...<br /> pas de probleme je t'apprendrai.
M
y a quelqu'un qui t'as fait du mal mon bichon?
L
à torturer les gens à distance en plantant des clous dans une poupée.
A
Heureusement que t'avais emporté ta game boy.
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