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Le beuuug des idoles
12 janvier 2006

Retour de vacances...

Aujourd’hui c’était la Saint-mouton ou un truc dans le genre, fête pour tout le monde mais apparemment au BIT on aime pas la volaille, je suis donc de corvée de travail. J’en profite donc pour m’atteler à la rédaction du récit de nos vacances avant que ces dernières ne s’effacent complètement de ma mémoire vivace.

En effet, bah oui pourquoi pas… Donc en effet, de retour à Delhi depuis ce week-end (ayant malgré ma condition provisoire de stagiaire, tout de même le statut étudiant, je me permets de compter le vendredi dans le week-end), je suis errante mélancolie dans mon grand appartement vide de toute présence chaleureuse et dans ce bureau désormais si glacial sans la joie de vivre et le goût du travail bien fait de Pierre. Quant à frère, il me quitta par la grande porte de l’aéroport un soir d’hiver. Je suis donc esseulement.

Voilà, ça c’était un semblant d’introduction car ça n’introduit en vérité reconnaissons-le, rien du tout.

Bref, bref, bref

Un mercredi de 27 ou 28 janvier, nous nous rendîmes malades comme des chameaux à la gare d’Old Delhi pour Jodhpur, ville fleurie. Non je ne vais pas faire la blague à chaque fois. Retour de cette excitation du voyage une fois montés dans le train, à l’instant où l’on retrouve les banquettes de cuir bleu ciel usé. C’est reparti par une quinzaine d’heures de train rythmées par un roulis marin, de bruyantes propositions de chaaaaaai, cooooffe nescoffe et autres breuvages, des ronflements à réveiller un veau mort (qu’on se le tienne pour dit, les indiens ne sont pas constitués comme nous. Déjà qu’ils ont des poils sur les oreilles… (Et quand je dis sur les oreilles je n’entends pas dans les oreilles), et de joyeux cris de saloperies de gniards. Bref c’est curieux à dire mais j’adore les trains indiens. D’autant plus que les portes s’ouvrent facilement et que s’assoire au vent pour regarder défiler les paysages à petite allure est tout à fait plaisant. (Ce qui l’est moins c’est que quand on fait ça, c’est qu’il est à près midi et qu’on a donc déjà facilement trois heures de retard)

Jodhpur, donc. Air un peu plus frais qu’à Delhi, 30 degrés, grand soleil, superbes promenades dans le fort et vues magnifiques sur une ville toute bleue depuis les remparts. J’ai beaucoup aimé, mais pas de fascination lors des promenades en ville, pas tombée sous les charmes des ruelles crades et du bordel de ce qui reste tout de même une grosse ville. Mais bon on s’est bien marrés à écouter les problèmes existentiels du mec qui faisait la voix dans les écouteurs lors de la visite du fort.

Pour quitter Jodhpur, nous prenons un bus de journée indien, notre premier, et autant le train reste à peu près civilisé, le bus de jour est un joyeux bordel. J’écris beaucoup bordel non ? La notion de « plus de places assises plus de places même s’il y a six heures de trajet » –qui n’est d’ailleurs pas une notion- n’existe pas. Fenêtres entrouvertes pour doux vent d’été dans la face et paysages déroutants qui s’étalent constamment sous nos yeux, on quitte la ville, entrons dans le désert ou de temps à autres nous croisons six sept vaches ou une cabane bâchée avec deux trois mecs sur ces sommiers-lits typiquement indiens devant. Beau. Moi contente.

Arrivée à Jaisalmer, la méfiance en éclaireur, cette ville étant réputée pour ses harcelleurs-arnaqueurs professionnels. Je fais d’ailleurs des têtes de conasse aux mecs qui nous vantent leurs guest house par la fenêtre du bus, accompagnées de waaahou ! sooooo nice ! pour finalement me rendre compte qu’un des mecs est celui de notre hôtel venu nous chercher. Bien, bonne première impression. Dès notre arrivée, nous tombons cependant et malgré les mesures de précaution dans la marmite du charme de cette cité à la hauteur de ce qu’on l’en dit. Ruelles dorées et tortueuses, toits blanchis qui s’étalent uniformément, et le fort monumental qui sort d’on ne sait où, dans lequel on s’élance en rickshaw à fond la caisse sans se soucier des virages sans vues pour avoir assez de puissance pour monter. Cette ville est un parc d’attraction colorée de bijoux, tissus multicolores, turbans rajasthanis, vaches imposantes et interpelleurs spécialisés en cuir et safaris dans le désert.

Le soir de notre arrivée, 31 décembre, ne cherchez pas c’est connu, nous rejoignons Pari que Pierre et Sandrine ont rencontré à Mussorie, et son ami Div, (Extrait de conversation, Pierre essayant de me faire deviner en sa présence son nom que j’avais oublié… Véronique et… « Sanson ! ». Non. La pub pour la mimolette ? « Annie Cordy ! ». Ok laisse tomber.) qui nous ont d’ailleurs appris une fois plus ample connaissance faite, plein d’insultes super marrantes en hindi genre froid sur ta bite (quoi c’est pas marrant !) ainsi que des blagues sur les sikhs qui sont à l’Inde ce que les belges sont à la France. (Et là, preuve de maturité, je ne rajoute pas de blagues faciles sur Pierre)

Ils nous proposent de nous emmener pour la nuit dans le camp au milieu du désert, à 45 km, dans lequel ils sont installés. Nous partons donc sourires au vent de dos de moto rejoindre le 4X4 qui nous emmènera farfouiller les chemins tantôt sableux, tantôt caillouteux du désert. C’est con mais la première chose qui interpelle quand on entre dans le désert, c’est l’infinie similarité du paysage. On reste les yeux rivés dessus en attendant inconsciemment quelque chose de nouveau, de différent, qui n’arrive jamais. Très déroutent. Tout se ressemble, et en à peine dix minutes, on sait déjà que l’on ne retrouverait pas le chemin.

Nous arrivons finalement après une heure de trajet dans un camp surgi de nul part, blanchi de tentes en demi-cercle, ou plutôt de maisons déguisées en tentes. Quelques tables, quelques feux engroupés de mains qui se réchauffent, un chapiteau de danse duquel sort des sons incongrus à cet endroit, du genre kung-fu fighting ou asereje. A fond dans le désert, ça fait bizarre. Redécouverte du ciel de nuit par le désert, où l’atmosphère est totalement différente, et on ne l’oublie jamais. Le plus banal de nos gestes prend une importance considérable du fait qu’il est effectué dans le désert, et tout a une saveur différente. Dur à expliquer comme sensation, peut-être juste celle de se retrouver dans un endroit complètement inconnu… Affalés dans le sable sans le bruit de la mer, les yeux dans des étoiles qu’on avait jamais vues et la musique, les chants si particuliers des rajasthani dans le corps. Et puis y a les danseuses aussi dont le moindre mouvement fait grelotter les bijoux qui ornent leurs robes, têtes chevilles et poignets… enfin les danseuses… Plutôt la et le danseuse. L’une des deux est en effet, et là c’est approprié, un homme, de cette caste dont j’oublie tout le temps le nom, caste d’homosexuels, sorte de troisième sexe camouflant des mœurs inavouables.

Tout ça pour tenter d’exprimer un basculement dans un autre monde. Certes j’aurais tout aussi bien pu dire C’était trooooooop bien !

Au lieu d’une nuit, nous passons finalement deux jours dans le désert, ce qui nous vaudra mais nous ne le savons pas encore une légère altercation avec nos hôteliers, qui sans nouvelles de nous pendant deux jours aux frontières du Pakistan se virent obliger de prévenir les flics. En gros on s’est fait virés de notre guest-house. La honte.

Bref, bref, bref.

Les journées dans le désert nous font découvrir une Inde que nous ne connaissons pas, où le temps n’a pas d’importance (bon ça quelque part on avait déjà remarqué), sans bruits, sans bordel, où l’on ne fait rien d’autre que somnoler au soleil, se promener dans le désert, découvrir les petits villages de huttes, faire de la balançoire, s’allonger dans les dunes et dessiner des anges… Une sorte de campagne magique ou les bouses de vaches sont remplacées par celles des chameaux, et les moustiques par de bien curieux dindons. Qui ne piquent pas. A la tombée de la nuit, nous partons à dos de dromadaires voir le coucher de soleil. Le désert c’est en fait juste une succession de moments inoubliables. Et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Aha. Grand moment également, bah ouais parce que le dromadaire dans les dunes sous le soleil, post-it collé sur le mur ciel, qui s’éteint doucement, c’est pas mal… Donc grand moment également, pendant la nuit, nous partons chasser l’antilope en jeep. Tant qu’à faire ! Je me demandais un peu comment ils allaient faire, j’avouerai même un penchant à trouver que c’était un peu con comme idée, mais me suis dit que bon, je regarderais les étoiles allongée à l’arrière de la jeep pendant qu’ils s’amuseraient à courir avec leurs fusils de deux mètres derrière des gazelles. Aha me suis même dit si ma mémoire est bonne. Dans les faits je ris moins par la suite.

Assis à l’arrière de la jeep emmitouflés dans des couvertures, la balade s’annonce charmante. C’est alors que surgit le premier groupe d’antilopes, l’antilope étant par ailleurs une adorable bestiole à ce que je pus en apercevoir avant qu’elle ne soit en sauce (voui je suis trouble-suspense, ils en ont choppé une), où ça reste d’ailleurs mignon, mais dans un autre genre. C’est alors également que je compris ma douleur. Parce que y a des crétins qui ont sûrement trop regarder Taxi -ah, le cinéma, fléau du désert !- et qui pensent que c’est possible de courser un antilope en jeep. Christophe mort de rire évidemment de ce rallye pas sur le programme, moi moins, et Pierre qui me propose entre deux empannages qu’on écrive un bouquin «  comment je suis devenu paraplégique dans le Rajasthan ». Charmante balade, mon cul. Et je pèse mes bleus. Oho. N’empêche que la technique est pas mal au point bien qu’on n’y croirait pas vu de l’arrière. Pendant qu’une voiture course les antilopes, l’autre leur barre la route (je ne sais pas quel est le mauvais rôle mais ça tombait toujours sur nous) pendant que le chasseur court, au milieu de la nuit rappelons-le, avec son fusil. Rassurant.

Bref, au cours de la deuxième épopée dont nous ne fûmes pas merci jésus, une antilope se sacrifia en s’immolant par le feu pour protester contre la dégradation du désert du Thar parce que mine de rien, deux jeeps à fond, ça pollue. Et nos joyeux lurons, Pierre et Tof compris se firent un plaisir de déguster le martyr au petit-dej. Aucunes valeurs les jeunes d’aujourd’hui.

Bref  bis, le désert, c’était génial, et les flâneries dans les rues de Jaisalmer ainsi que les siestes au soleil sur les coussins du Trio restaurant les jours qui suivirent aussi. J’adore cette ville. Qui a d’ailleurs entre nombreuses particularités celle d’avoir un bang shop officiel, où l’on sert les bang lassis (lassi, donc mélange de lait et de yaourt, bhang, dérivé de cannabis, Pierre et moi avons préféré ne pas renouveler l’expérience, Tof a juste goûté, pour voir, et après il a dansé nu dans les rues (non j déconne).

Mais comme dit le dicton, à tout début, une fin, et vint bien trop vite l’heure pour frérot et moi de reprendre la route pour Delhi, et nous séparer par la même de compagnon Pierre que je ne croiserai plus en Inde, ce qui fut désespoir. Camouflé, on n’est po des pd. Pardon, c’est complètement déplacé. Les émissions « strip-tease » nous ont abîmé le cerveau dirai-je pour ma défense. D’ailleurs au bout de deux jours Tof s’est chopé l’accent de beubeu qui nous accable depuis deux mois. Bien l’influence grande-soeurale !

Vingt heures de train de retour (j’adore parce qu’ici, même sur les billets de train ils mettent « only » après le prix… « Jaisalmer-Delhi 300 ruppies only ». Ils rajouteraient goood qality ma frrend indian pprrice ! qu’on ne serait pas surpris), agrémentés de trois heures d’attente surprise à la gare où pour passer le temps nous nous amusâmes avec Pari à mettre en scène une prise d’otage pour expliquer aux papous voire par la même obtenir une rançon le non-retour de Tof à qui le menu moto-désert-antilopes-chameau plaisait bien… Foulard palestinien sur le visage laissant ressortir un regard pour le moins menaçant et la tête de Tof terrorisé violemment tirée par les cheveux. Très belles photos.

Et on disait que c’était fini maintenant parce qu’entre temps il est devenu 1h27 du mat’ et que moi je bosse demain. Faut pas déconner non plus…

Ps: Pour les photos du desert faudra attendre que je recupere celles de Pari ou Div vu que nous on etait un peu partis a l'arrache, donc sans le moindre petit bout d'appareil photo, et malheureusement pas de gruyere sur place pour en fabriquer un.

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Commentaires
L
T'es trop conne. J't'adore.
P
Que de rigolades et de depaysements garantis ... Merci. Je t'aime. P
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