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Le beuuug des idoles
24 octobre 2005

Semaine sans grands voyages, sans grandes

Semaine sans grands voyages, sans grandes découverte, alors édition spéciale rickshaws.

Il est vrai qu’après l’euphorie des premiers moments en compagnie de ces mignons tricycles jaunes et verts, je commençais à les maudire quotidiennement, et à ne plus les trouver adorables du tout. Il faut me comprendre, imaginez-vous négocier tous les jours votre ticket de bus alors que ça fait 10 minutes que vous êtes levés, que vous savez très bien le prix que vous devez payer, et que le monsieur vous demande le double à cause de votre peau un peu trop claire… Et attendre au moins dix minutes pour chaque déplacement qu’un de ces messieurs daigne nous prendre pour autre chose qu’un puit à fric, ça met d’autant plus de mauvaise humeur. Ajoutons également à cela le supplément demandé à l’arrivée parce que soudainement il fait nuit, ou que c’est au moins 50 mètres plus loin que ce qui avait été convenu… Non, c’est exaspérant, il faut le reconnaître. 

Vendredi dernier, alors que je les avais insulté mentalement de bon coeur en me rendant à mon cours d’hindi pour m’avoir fait poireauter contre un arbre pendant une demi-heure (car ces trous de baux se passent le mot entre eux, et quand il y en a un qui a décidé de faire chier, soyez assurés qu’il vient s’immiscer dans la discussion avec le suivant pour lui demander de refuser notre prix), ce n’est point tout sourire que je les hélais deux heures après pour rentrer chez moi. Cependant, alors que je longeais le marché en roulant à petit pas, et que mon sourire se détendait à la vue de toutes ces couleurs, de toutes ces odeurs et de ce bruit de fond permanent agrémenté de cris survolant la moyenne (parce que je le soutiens toujours, j’adore être ici, j’adore me sentir paumée dans ce monde où il n’y a pas une tête blonde à la ronde, où les gens se marchent dessus et poussent les vaches au bâton pour passer… Tout se passe dans la rue, les tissus, vêtements, bijoux se trouvent sur les marchés les vendeurs poussent leurs grandes tables-chariot sur lesquelles il préparent des jus de fruits, des omelettes, des patates douces au citron, des pop-corn… les gens se font couper les cheveux, laver les oreilles, ausculter, soigner à l’acuponcture sur les trottoirs… Qui plus est c’est depuis une semaine la saison des fêtes, la ville commence donc doucement à être envahie de guirlandes, pétards et henné.)

Donc, je disais, le rickshaw du retour du cours d’hindi qui insultait les gens les chèvres les chiens et même parfois que son dieu le pardonne, les vaches. Ce monsieur ne parlait pas un mot d’anglais mais nous réussîmes tout de même à nous comprendre, à nous présenter (j’ai donc un mari et deux enfants en France), cet inconscient me proposa même de conduire le rickshaw, et j’avoue que cette fois ci je fis moins ma maligne, parce que le ring road, qui est une sorte de périph, à 20h30, je le sentais tout de suite beaucoup moins que les routes plus ou moins tranquilles des alentours d’Agra. Je lui dis donc hum chais pas, dangerous i think, et même si je le regrette un peu, je crois tout de même que ce fut une sage décision. Enfin, bref, nous nous serrâmes la main lorsqu’il me déposa chez mes amis indiens (je ne sais pas d’où me vient cette manie de raconter n’importe quoi, c’était chez moi) et je rentrai dans mon humble demeure tout de sourires vêtue et réconciliée avec les rikshaw. En plus, j’ai réussi l’exploit de parler cinq minutes avec ma proprio sans qu’elle me force à bouffer des gâteaux dégueulasses, et peut-être que vous ne réalisez pas l’ampleur de la chose, mais ici on en est presque à tirer au sort pour savoir qui va descendre payer le loyer (c’est tout un rituel ; on rentre, monsieur nous propose d’aller nous assoire dans le salon pendant qu’il va chercher madame, nous discuttons un peu de rien et de toujours la même chose, et puis elle se lève, et là c’est terreur voire fou-rire car il est désormais de notoriété publique que femme qui se lève va chercher gâteaux dégueus, et vu qu’en Inde il faut dire non sept fois avant d’accepter quelque chose on se fait tout le temps avoir…A propos de particularités locales, vous avais-je dit ne me souviens-je plus qu’il y a ici une loi de harcèlement visuel, les hommes n’ont pas le droit de regarder une femme dans les yeux plus de onze secondes. Evidemment ces crétins baissent les yeux, laissent passer une seconde et les replonge avec indécence dans les nôtres. On y a le droit à quasiment chaque feu rouge, les rickshaw étant évidemment ouverts, nous sommes donc toutes accessibles. Très agréable !

Vous remarquerez l’habilité avec laquelle je suis revenue tout naturellement à parler de rickshaw, qui reste tout de même le thème de jour. Je crois que je vais faire un master « transitions », je suis assez douée héhé.

Bref, bref, bref. Aujourd’hui, mes comparses et moi même nous rendîmes à Old Marcket, repère de tous les hippis occidentaux qui errent en Inde, d’ailleurs Mikael ton oncle te dit bonjour hi. C’est d’ailleurs là aussi que nous vîmes danser ces hommes vêtus voire travestis en femmes dont je ne me rappelle plus le nom, qui ont culturellement un statut particulier parce que l’homosexualité ici baaah. Le marché est magnifique, tout enguirlandé, et fêtes oblig, sandrine et moi nous fîmes décorés les mains de henné. D’ailleurs, Pierre fut à ce moment mon idole de la journée (chaque journée à son idole, et le prix revient à celui qui dit ou fait le truc le plus con, ridicule voire stupide, ce petit rituel complétant désormais celui du mur des post-it, déjà bien décoré des « quoi, y a pas d’horoscopes dans l’express ?! », « ok, i’m passing her » (oui, j’te la passe), « je me laisse quand même psychologiquement le choix de choisir » et autres petites perles de la vie) en demandant au mec de lui dessiner trois étoiles dans le cou parce que je suis son modèle (et régulièrement son idole de la journée aussi hi), sachant que les hommes ne se font pas dessiner le corps au henné ici, qu’en ce moment les femmes se font tatouer pour rendre honneur à leur mari, que le henné se met sur les mains et les pied, et que les mecs ne savent pas dessiner d’étoiles, et encore moins dans le cou. Enfin bref, il a désormais et pour trois longues semaines trois cercles détériorés et bien voyants dans le cou qui vont progressivement passer du noir au orange pisse-de-quelqu’un-qui-va-pas-bien-du-tout.

A l’heure du retour, à l’heure où les rickshaw sont les plus féroces parce qu’il fait nuit et que old delhi c’est loin de south delhi, les prix du trajet sont exorbitants. Le cinquième rickshaw que nous arretâmes nous demandant la somme faramineuse de 115 ruppies (2 euros et quelques, le vrai prix étant 60 ruppies), je lui ris donc au nez et lui répondis ouaiis, allons-y, et 200 ruppies si tu veux ! Pierre renchérit à 300 ruppies, alors que les rickshaw men commençaient à sourire sans baisser leur prix pour autant, je proposais alors « 300 ruppies et c’est moi qui conduit pendant que tu dors derrière » mais Pierre me battu avec 400 ruppies et un massage de pieds. Bon, ils nous conseillèrent tout de même d’aller voir ailleurs, et nous eûmes finalement notre rickshaw pour « 70 ruppies et on chante pendant tout le trajet ! » (Qu’est-ce qu’il faut pas faire…) Nous entamèrent gaiement la bite à Dudule, et le malheureux dut supporter nos chants « Nostalgie » pendant une demi-heure.

Voilà voilà, ici se termine mon dossier transports, certes entrecoupé de moult digressions, la semaine prochaine l’éducation nationale, je vous souhaite une bonne nuit sous les étoiles et de bisous je vous embrasse.

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